Kiyonari Mitsuyoshi | Terminé

_ Dis-moi, Mayumi, qui est cet homme ? »

L'autre femme soupire. Entre agacement et désespoir, elle regarde son amie d'un air bien attristé. Parfois, elle se demande d'où elle vient, ou si même elle est déjà sortie de chez elle tant elle peut la désespérer. Réellement, à sa grande surprise, alors qu'elle se tournait vers l'homme en question, elle ne la comprenait vraiment pas. Car, face à elles, ne se trouvait pas n'importe quel Kiyonari. Haut d'une taille qui en fait lever la tête à plus d'une, mesurant quasiment 1m85, l'homme, mûri par les années, pèse environ 72 kg. Loin d'être un petit mangeur, souvent grand gourmand, il est à se demander où il stocke les réserves qu'il se fait quotidiennement. Sa carrure, sans être réellement spectaculaire, ni même véritablement exceptionnelle, respecte les standards. Peu large des épaules, légèrement effilé par sa hauteur, on peut aisément imaginer un corps souple et agile. Mobile, il laisse souvent rêveur.

Si des regards se mettent à le détailler, il est aisé d'observer qu'il porte constamment un Kimono simple. Attaché à cette tradition, l'homme semble ne pas connaître ou la chaleur, ou le froid. En effet, peu importe les températures, il tient constamment à s'habiller de cette façon. Et, pour les plus observateurs, et observatrices, certains se demandent si, sous ce dernier, il porterait réellement des sous-vêtements ou s'il préfère une certaine liberté de ses mouvements. En effet, lorsque le regard se pose sur les fesses arrondies de l'homme, il est dit que le Kimono dessine peut-être un peu trop bien celles-ci. S'ajoute à son ensemble vestimentaire un Haori entièrement blanc, dont le motif brodé reste le Mon de son Clan, Symbole des Fleurs, qui se transmet de génération en génération. Il en possède deux modèles, l'un aux manches longues, l'autre sans aucune manche, qu'il change, le plus souvent, selon ses humeurs. Les plus attentifs iront jusqu'à détailler ses sandales, qu'il porte peu importe la saison. Comme si la pluie ou la neige ne l'atteignaient pas. Et, finalement, le regard se porte sur un dernier objet qui, autour de son cou, semble être la pièce la plus importante. Transmis de génération en génération, ce foulard, porteur de bien des noms, est inestimable aux yeux de sa famille. Signe d'un précieux héritage, l'homme le porte fièrement.

Mais, finalement, ce qui attire sûrement le plus les regards, c'est le visage de l'homme. Savant mélange d'une noblesse altière, les femmes sont, bien souvent, attirées par son regard. Taquin. Joueur. Pourfendeur. A l'image de son âme, ses yeux sont d'un brun sombre. Observateur, ils semblent constamment analyser, afin de ne pas être surpris. Ses lèvres, fines, sont souvent accompagnées d'un timide sourire. Léger. Compréhensif. Pourtant, c'est bel et bien sa chevelure qui attire sûrement le plus. De longs cheveux noirs qui lui tombent sous les épaules, il possède plusieurs broches, appelées bien souvent Kenseikan. Fierté de sa haute naissance, noble, il en porte le visage. Altier. Mais aussi modeste. Son regard. Ses lèvres. Ses cheveux. Et, laissant ceux-ci filer sous le vent, il passait devant le duo féminin.

_ C'est Mitsuyoshi, du Clan des Fleurs. »

_ Que peux-tu me dire sur lui ? »

Tout le monde se le demandait. Né au sein d'une grande famille, à l'éducation stricte, sinon sévère, le Jônin attire et pose de nombreuses questions. Car si bon nombre d'Iwajins le reconnaissent à son air bien particulier, il semblerait que, une fois la question posée, peu de monde peut réellement se vanter de connaître l'homme. Même les femmes les plus attirantes ne semblent pas en savoir plus que les autres. Pourtant, si quelques rumeurs circulent, personne ne peut réellement les confirmer. Homme mystérieux et secret, le Kiyonari parle peu de lui. N'aimant pas s'étaler sur son propre passé, il préférera toujours dévier la discussion sur des sujets qui ne le fâchent pas.

D'un naturel calme, presque tranquille, voire retiré, Mitsuyoshi semble être incapable de s'énerver. Ne connaissant pas la colère, ou en tout cas ne la montrant pas, il se veut pourtant être un grand perfectionniste. Adepte de la déception, personne ne semble être à la hauteur de ses attentes dangereusement trop élevées. C'est ainsi qu'il n'est pas rare, pour ceux qui le connaissent, de lire de la déception dans son regard, alors qu'il se détourne. Comme une honte. Tel est l'homme qui, à chaque instant, juge. Chaque comportement. Chaque mouvement. Ne supportant pas l'erreur, agacé du moindre faux pas, il semblerait que le Jônin travaille finalement mieux seul. Solitaire, travaillant mieux dans son coin, il supporte peu le travail en équipe. Né au sein d'un Clan qui ne veut que la perfection, rejetant l'échec et les erreurs, le Kiyonari se veut être un fier héritier de son sang.

Cette fierté, à ne pas confondre avec de l'arrogance, semble déterminée par sa propre famille. Né au sein d'une branche extrêmement reconnue pour son Art, son apprentissage dès son plus jeune âge, et sa jeune maîtrise, rendirent les siens fiers de lui. Sûr de lui, sûr de son art, le Jônin ne cache pas croire en son potentiel. Aguerri par les années, il se montre parfois hautain, faisant preuve d'un excès de confiance. Car c'est bien là où l'homme, malgré les années, continue de prêcher. Souvent confiant, il n'envisage pas constamment l'ensemble et peut, parfois, s'en mordre les doigts. C'est ainsi que, malgré son expérience, il lui est arrivé plusieurs fois de perdre des combats. C'est dans ces périodes qu'il se plonge dans une quête profonde de questionnements divers et variés, intrigué par ses propres défaites.

S'il possède l'expérience de quelques combats, s'il est un Shinobi aguerri, le Kiyonari se distingue principalement par son intellect. S'il ne possède pas réellement un QI supérieur à la moyenne, ses capacités d'analyse et de compréhension sont souvent relevées par ses supérieurs. Fin diplomate, grand stratège, plus doué, finalement, pour parler que se battre, Mitsuyoshi reconnaît lui-même ses propres faiblesses. Loin d'êre un excellent combattant, il est meilleur loin des premières lignes. D'ailleurs, s'il lui était demandé, ce dernier répondrait qu'il déteste la guerre et les combats. S'il n'en a pas peur, il considère cela comme une véritable perte de temps et d'hommes. Il aimerait pouvoir résoudre le tout autour d'un thé plutôt que de se battre.

Lorsqu'il n'est pas en mission pour le compte de son village, le Jônin est souvent retrouvé dans les lieux publics, à se promener. Il aime à s'arrêter près des vieux joueurs de Gô ou de Shogi. Lui-même amateur, loin d'être un véritable professionnel, il se débrouille souvent pour surprendre ses adversaires. Lors de ces moments, il profite pour boire plusieurs tasses de thé, au goût souvent bien amer et corsé. Mais, s'il est fier de ce qu'il est capable de faire, c'est bel et bien le regard de son Clan qui compte le plus. En effet, vu comme le prochain Chef de Clan, il prend la nouvelle avec humilité et modestie. Il n'est pas réellement pressé d'endosser ce rôle, bien qu'il souhaite commencer ce nouvel apprentissage au plus tôt.

Pourtant, tout ceci, peu de personnes peuvent réellement le savoir. Difficile à approcher, notamment par son aura souvent intimidante, il est d'autant plus surprenant une fois connu. En effet, complice, tendre et joueur, le Kiyonari se veut proche de ceux qu'il estime. Mais, le plus difficile reste encore de faire tomber cette fière carapace à l'aide de laquelle il se protège d'un monde qu'il ne comprend pas. Un monde qui réclame le sang. Un monde qui, finalement, fait peur. Où la question qui le tourmente au quotidien est celle de l'avenir. Du village. Du Clan. De lui.

_ Pas grand chose, en fait. Il reste bien mystérieux. »

Chapitre I - Le Commencement

La fuite. Le départ. L'exil. La gorge nouée, serrant son enfant contre elle, elle craignait pour sa vie. Elle craignait pour elle. Mais surtout pour lui. Elle court. Elle fuit. Sans réellement savoir où se rendre. Pour sa vie. Pour la sienne. Pour eux. Alors que la maison s'enflammait, qu'elle crépitait et que les fondations s'écroulèrent, la mère pleurait. Tant d'années passées là. Puis, la guerre. Son mari était parti avec les hommes du Clan, afin de porter secours aux guerriers. Afin de se battre. Cela faisait maintenant des mois qu'elle n'avait plus eu aucune nouvelle. Comme s'il avait disparu. Peut-être avait-il été fait prisonnier de guerre. Ou, peut-être, pire, avait-il été tué. Elle ne voulait pas y penser. Pas ce soir alors que les flammes faisaient rougir le ciel étoilé. Pas ce soir alors que son monde disparaissait. Elle fuyait. Pour rejoindre le reste du Clan. Eux qui avaient vécu quelques années à l'écart du monde, ils devaient le retrouver. Aussi, courant, elle ne comptait plus s'arrêter. Pas avant d'avoir atteint le Domaine.

Et, tandis qu'elle tenait l'enfant à moitié endormi dans ses bras, ce dernier gravait, au fond de ses pupilles, les ravages des flammes guerrières.

Chapitre II - L'Exil

C'est à Iwa qu'une majorité du Clan s'exila. Si certains décidèrent de partir à l'aventure, tentant une autre vie que celle proposée par les grandes lignées, la plupart s'y rallièrent. Connu de par le monde pour leurs remèdes médicaux, autant que la fourniture d'un thé de qualité, ils furent acceptés au sein des Remparts de la Pierre. C'est ainsi que, suivant l'ensemble de son Clan, l'encore très jeune Mitsuyoshi passa la majorité de son existence au sein de ces murs qu'il apprendrait à aimer. Néanmoins, marqué par les flammes de la guerre, ce dernier, très jeune, se refusa à l'entraînement courant. En effet, ne désirant pas se battre, préférant une culture de la non-violence au sein de l'Académie, il lui fallut plusieurs années pour décrocher finalement son grade de Genin.

Dans son exil, loin des terres originelles qui furent ravagées par le sang et les flammes, le jeune Mitsuyoshi se développa sans aucune difficulté. Né au sein d'une lignée noble, ses capacités dans le Hanaton se révélèrent très tôt comme surprenantes. Pourtant, si les capacités médicales étaient reconnues au sein du Clan, les Fleurs du Kiyonari se développèrent différemment. Très tôt, le Poison de la guerre avait conduit à une mutation de ses gênes. Son esprit, encore tourmenté par cette nuit où sa mère avait fui pour sa vie, avait très légèrement modifié ses gênes. Ainsi, quiconque goûtait à son thé souffrait de terribles maux de ventres.

Chapitre III - L'Equipe

Il ne connut pas la guerre en tant que Shinobi. Il était encore très jeune quand l'armistice fut signée. Malgré tout, entraîné, alors qu'il devenait Genin, il intégra sa première équipe. Un groupe formé par un homme qui, plus tard, aurait toute son importance. Intégrant l'équipe d'Ônoki, alors âgé de 13 ans (An 21), il forma une équipe, entouré de deux autres adolescents. C'est ainsi que, Senseï devant lui, il devint un autre homme. Pendant cinq longues années, les entraînements se succédèrent. Parfois, il partait en mission durant quelques jours. S'éloignant du Clan, sans jamais l'oublier, le Kiyonari cherchait son propre perfectionnement. Parfois, il passait des heures à discuter, autour de quelques parties de Shôgi où il perdait inlassablement. Parfois, il était vu à boire son thé. Plus rarement aussi, il traînait avec les deux autres Genins qu'il évitait pourtant.

C'est peu avant le combat à mort du Nidaime Tsuchikage que, sur recommandation d'Ônoki, il passait les examens pour devenir Chûunin. Malgré les quelques difficultés, il les passa finalement. Puis, quelques jours plus tard, comme si l'homme savait, il devenait le nouveau Tsuchikage. S'il gardait un profond respect pour le personnage, il se garda pourtant de s'en rapprocher, prenant même quelques distances pour retrouver les siens.

C'est en l'An 31 que, passant de nouveaux examens, il devint Jônin, devenant une véritable fierté pour l'ensemble de son Clan. Instrument d'une volonté, Héritier d'un pouvoir, Mitsuyoshi représentait la nouvelle gloire d'un Clan qui, sous la pression de la guerre avait fui. Pourtant, haut de son mètre 85, il regardait l'horizon. Inquiet, plongé dans ses nombreuses pensées, celui qui devait devenir le Chef de Clan se tracassait de l'avenir. Il avait vu les flammes de la guerre. Il avait vu le sang du combat. Pourtant, il le savait lui-même, l'homme réclamait toujours plus de sang. Plus de violence. Alors, parfois, sur les Remparts, tandis que le soleil se couchait, il soupirait.

Chapitre IV - L'Amour

S'il y a bien un sujet auquel l'homme ne s'est jamais exposé, ce sont bel et bien les sentiments. S'il en éprouve, souvent variés et colorés, il n'a jamais su s'engager sur les voies de l'amour. Après avoir vu les ravages sur sa mère, il s'est toujours refusé à vivre faire à qui que ce soit le même traumatisme. Aussi, se refusant les choses de l'Amour, Mitsuyoshi semble souvent distant. Pour autant, il a déjà, plusieurs fois, su apprécier les charmes et les avances de quelques femmes. Se laissant aller au jeu de la séduction à plusieurs fois, il s'est pourtant toujours refusé aux avancées et aux engagements, préférant les relations de quelques semaines. Ainsi, personne n'est jamais réellement blessé. Personne ne risque, ainsi, de s'attacher à lui. Peut-être est-ce, finalement, le plus important, dans cette quête, inavouable, de l'Amour.

Chapitre V - La Mission
Ils se tenaient là. Droit. Fièrement. Ils observaient les bandits en contrebas. Ils n'étaient pas nombreux, mais les crimes de ceux-ci élevaient le danger. Normalement, ils n'auraient rien à craindre. Pourtant, jetant un coup d'oeil à l'ensemble de son groupe, il se questionnait. Avaient-ils vraiment le cran de faire ce qu'on leur demandait ? Il poussait un soupir. Il n'avait pas réellement le choix. Ils devraient y passer un jour. C'était le fléau de la criminalité, engendrée par la guerre et ses violences. Comme partout dans le monde, les combats ne cessaient jamais. Son regard, baissé sur la gorge, savait combien, en quelques minutes, le monde pouvait changer. Il revoyait encore ces flammes qui crépitaient. Qui effaçaient jusqu'au moindre souvenir de son père.

Il avait fini par hocher de la tête et, silencieusement, chacun avait disparu. Sans que personne ne s'en rende compte, l'un d'eux s'occupa de récolter les documents volés. Un autre s'occupait des hommes à l'ouest. Un autre à l'est. Et le dernier, lui-même, s'occupa des hommes en hauteur. Et sans que personne ne s'en rende compte, les morts tombèrent. Les hommes, en silence, s'étouffèrent. Ou s'éteignaient, la gorge tranchée. Un instant, ils riaient. L'instant suivant, la ruine et la mort puaient au sein du camp de fortune. Comme s'ils devenaient eux aussi des émissaires de la guerre. N'étaient-ils plus les gardiens de la paix ?
Poussant un soupir, regardant le massacre silencieux qui venait de se faire, il se redoutait. Il se questionnait. Entre la guerre et la paix, pour qui travaillait-il réellement ? Prenant les dossiers secrets, encore fermés de leur tampon, il hocha de la tête. Et, sans plus attendre, le quatuor se sépara.